PARIS : RichesFlores Research – « La BoE choisit la voie médiane, un peu forcée »
Crise bancaire, risques récessifs, inflation, quel problème la BoE allait-elle choisir de traiter ?
Aucun des trois ou, du moins, pas totalement, puisque ces difficultés, que l’on pensait insurmontables, semblent presque s’effacer d’elles-mêmes, à en croire le communiqué de la Banque d’Angleterre après l’annonce d’une hausse de 25 points de base des taux directeurs, à 4,25 %.
Le travail aurait, en fait, déjà été réalisé par J. Hunt, la semaine dernière, avec l’extension du bouclier tarifaire pour trois mois à partir d’avril. D’une part, cette extension réduirait considérablement l’inflation, d’autre part, elle soutiendrait le pouvoir d’achat des ménages et le PIB, que la BoE envisage, maintenant, en voie de stabilisation et non plus en chemin vers la récession. L’inflation sous-jacente avait désagréablement surpris en février mais le communiqué insiste sur la volatilité de sa composante « habillement » et rappelle qu’elle sera sans doute limitée, à l’avenir, par le ralentissement des salaires. Quant à la crise bancaire, comme pour la BCE et la Fed, la BoE souligne la résilience du système.
Difficile d’être totalement acquis à ce scénario, notamment, du côté des prix, tant les chocs se succèdent, se juxtaposent et se diffusent, comme souligné par le rapport du mois de février (voir à ce sujet L’inflation alimentaire britannique, un très mauvais
signal, pas seulement pour la BoE !) où s’entremêlent les chocs de prix alimentaires mais aussi des services, restauration en tout premier lieu.
Néanmoins, la BoE n’avait, semble-t-il, pas trop le choix. Ne rien faire, comme c’était préconisé par ses deux membres les plus « dovish » aurait posé plus de problèmes qu’autre chose. La Fed et la BCE avaient remonté leurs taux malgré une inflation moins inquiétante et l’effet sur le système bancaire aurait été trop ambigu, surtout après la décision de la BNS de relever ses taux de 50 points de base ce matin. Quant à relever ses taux de d’un demi-point, comme en février, cela aurait pu se justifier si l’inflation avait été le seul danger, ce qui n’est, bien sûr, pas le cas.
Restait donc à faire le dos rond, à suivre ses homologues et à reprendre, dans les grandes lignes, sa communication de février sur l’orientation des réunions à venir : « S’il devait y avoir des signes de persistance inflationniste, un nouveau resserrement de la politique monétaire serait nécessaire ». Convaincus ?
Thomas Bauer/Véronique Riches-Flores.