PARIS : Optigestion – Bilan 2022 et Perspectives 2023
Un condensé du Bilan 2022 et des Perspectives 2023 d’Optigestion, suite à leur présentation du 15 décembre.
Bilan 2022 par Jacques de Panisse, gérant
L’année 2022 a été une année très secouée, par la guerre en Ukraine, des marchés qui se sont effondrés puis repris, à deux reprises.
Nous sommes au lendemain d’un récent plus haut atteint grâce aux bons chiffres de l’inflation aux Etats-Unis qui laissaient espérer que la banque centrale Américaine baisserait progressivement ses taux et cela n’a pas du tout été le cas. Les taux d’intérêts ont été remontés pour lutter efficacement contre l’inflation. Sur le plan économique la majeure préoccupation a été l’inflation dont le plus haut a été atteint fin juin (9.1% inflation aux Etats-Unis).
Sur les biens manufacturés, le COVID a entrainé des confinements qui ont induit un arrêt relatif de la production puis un ralentissement de la consommation. À la fin des confinements, la consommation a repris de plus belle alors que nous n’avions pas les stocks suffisants pour répondre à celle-ci. De ce fait les prix ont augmenté et les salariés, qui avaient reçu de la part des entreprises et de l’état des moyens, ont pu faire face à cette montée des prix. La désorganisation des chaînes de production a finalement entrainé une raréfaction de l’offre.
Avec la guerre en Ukraine, nous avons assisté à une flambée des prix de l’énergie, notamment du gaz.
Sur les services, à la suite des confinements certains salariés n’ont pas souhaité reprendre leur travail, les entreprises ont augmenté leurs salaires pour trouver et recruter des candidats. Nous assistons ainsi à une hausse régulière des salaires qui permet de faire également face à l’augmentation des prix des biens de consommation pour maintenir un niveau de pouvoir d’achat suffisant.
Sur les produits agricoles, l’augmentation est principalement due à la guerre en Ukraine (+35% d’inflation sur les produits alimentaires).
D’autres composantes ont, elles régressées depuis juin et viennent freiner la formation de l’inflation. Le pétrole qui est revenu à son cours d’avant-guerre et le cuivre qui se comporte similairement avec une baisse à la suite de la guerre.
Quelles sont les perspectives d’inflation pour 2023 ?
L’énergie et les biens manufacturés bénéficient d’une baisse des cours des matières premières (pétrole & métaux) et du fret maritime. Cependant le pétrole est un paramètre exogène. Le cours du baril demeure très volatile. Il est dépendant des USA mais aussi et de l’OPEP et de la Russie qui peuvent ajuster la production marginale à tout moment pour faire remonter le prix du baril.
Les salaires continuent de progresser et les prix alimentaires ont du mal à baisser. L’inflation affecte le pouvoir d’achat et cette baisse déclenche des demandes de revalorisation des salaires. Le processus prend du temps et se poursuit par effet de contagion. En Allemagne le salaire de base a progressé de 22% en 2022 !
En 2023, une baisse liée aux matières premières dans une première phase pourrait être relayée par une reprise ou un plateau du fait de la hausse des salaires, dans un second temps.
Comportement des marchés financiers et perspectives 2023 par Xavier Gérard, gérant
Inflation, remontée des taux, double krach
L’inflation est devenue l’obsession des banques centrales et le seul moyen trouvé pour la calmer est la récession. On freine l’économie pour calmer l’inflation. Pour cela, les banques centrales passent les taux de 0.25 à aujourd’hui 4% et cela ira certainement plus loin jusqu’à ce que l’inflation soit sous contrôle.
Cette augmentation des taux a un impact sur les marchés financiers :
– Sur les obligations nous avons assisté à un krach obligataire avec une perte de 28% de la valeur des obligations mondiales.
– Sur les devises, le dollar, le franc suisse et le renminbi se sont appréciés respectivement de +9% ; +14% et +7% par rapport à l’euro sur les 3 dernières années.
– Sur les actions, l’indice S&P 500 a baissé de 25% entre le point le plus haut et le plus bas de 2022, nous avons donc également assisté à un krach action. La baisse des marchés s’est faite par la compression des multiples. Les grands gagnants de 2022 sont le pétrole et les sociétés de sécurité et d’armement (investissement sensible d’un point de vue ISR). Les grands perdants sont les sociétés à fort endettement qui doivent se refinancer à des taux plus élevés, les sociétés de très forte croissance qui ne gagnent pas d’argent (sans free cash-flow) et les sociétés foncières. Entre les deux nous avons des sociétés à valorisations élevées qui ont délivré leur résultat mais dont le PE s’est ajusté ; et les sociétés du luxe qui s’en sortent bien dans l’inflation car elles répercutent les hausses de prix des matières premières, et que la demande est toujours là.
Selon le consensus de ce que l’ensemble des analystes de la place anticipe, les taux pourraient être remontés à 5% sachant que nous sommes déjà à 4% et qu’ils étaient à 0% auparavant. Les marchés ont du mal à se positionner : est-ce que 5% suffiront pour avoir ce ralentissement de l’inflation et quel sera l’impact sur l’économie en termes de récession ?
Une fois ce pivot de la FED passé, les taux redescendront progressivement quand l’inflation sera sous contrôle et cela sera bénéfique pour l’ensemble des marchés.
Pour 2023
Sur les devises nous envisageons un rattrapage de l’euro et un possible faiblissement du dollar. Christine Lagarde veut absolument éviter que l’euro s’effondre car l’Europe achète beaucoup d’énergie (+450 milliards en Europe).
Sur les obligations, à cause de la montée des taux, nous privilégions les obligations courtes (2/3 ans) et plutôt aux États-Unis car la prise de risque est limitée et permet la couverture du risque de change Euro/Dollar. Nous conseillons également les obligations indexées à l’inflation et des fonds à échéance courte.
Sur les actions, nous recommandons les sociétés de croissance qui ont beaucoup souffert de la hausse des taux. Il s’agit de bien gérer le point d’entrée avant de réinvestir.
Sur les matières premières, nous restons neutres sur l’or et le pétrole car le marché est encore sous pression. Nous sommes prudents sur les métaux car nous pensons que la croissance de l’immobilier va ralentir donc que la demande sur les matériaux de base également.
En conclusion, Optigestion passe en mode gestion défensive, les prévisions de hausse des taux sont encore trop élevées en Europe et aux États-Unis, les banques centrales vont tout faire pour réduire l’inflation. Une récession forte est probable aux États-Unis et plus faible en Europe.
La gestion actuelle d’Optigestion est « risk off » car il y a beaucoup de liquidités, un intérêt pour les obligations très courtes et des actions très défensives.
Optigestion attendra sans doute le début du deuxième trimestre 2023 pour se réexposer aux marchés d’actions. Les gérants d’Optigestion s’attendent à un premier trimestre difficile en 2023 avant un deuxième semestre qui devrait être plus favorable.