PARIS : Etude Indeed – Le travail semble être une activité ‘à la carte’ pour les jeunes

Comment les Français de moins de 30 ans perçoivent-ils la valeur travail ? Comme un bloc monolithique, immuable et inébranlable ? Ou au contraire comme un socle en calcaire pouvant être sculpté sur mesure en fonction des besoins de chacun ?

Dans sa dernière étude menée conjointement avec Le Parisien Eco et réalisée par OpinionWay, Indeed tente de répondre à cette question, en dressant le portrait de cette génération charnière.

Flexibilité horaire et désacralisation du week-end

Tout d’abord, on constate que la question de la flexibilité horaire divise le panel de jeunes Français en deux groupes d’importance comparable :

53% des jeunes disent préférer un métier sans horaires établis, et ainsi pouvoir travailler aux horaires qu’ils souhaitent, quitte à commencer très tôt le matin ou très tard le soir.

43% aspirent au contraire à un métier avec des horaires fixes, quitte à ne jamais pouvoir les décaler.

Si l’on regarde ces chiffres de plus près , on peut souligner une disparité entre les genres :

Les femmes sont plus enclines à des horaires fluctuants (55% contre 51% des hommes), tandis que les hommes tendent à préférer les horaires fixes (44% contre 41% des femmes)

Sur le principe, on observe également que les jeunes sont ouverts à l’idée de travailler les weekends :

Seuls 27% tiennent à rester au repos le samedi et le dimanche.

42% se disent prêts à travailler l’un des deux jours (le samedi idéalement)

30% indiquent être d’accord pour travailler les deux jours du weekend.

Plus précisément, les jeunes n’ayant pas le diplôme du bac sont les plus nombreux à ne pas souhaiter travailler les weekends, un paradoxe en soi car ils semblent plus exposés aux métiers de services plus enclins à travailler les weekends (hôtellerie, restauration).

La gestion des heures en poste occupe donc une place centrale dans les velléités des jeunes Français. C’est pourquoi, en tête des modes de travail souhaités par ces derniers, il n’est pas surprenant de retrouver :

La semaine de quatre jours (53%)

L’obtention d’un CDI à mi-temps (44%)

Ces besoins en flexibilité horaire et en temps pour soi prisés par les jeunes Français peuvent sembler contre intuitif puisqu’ils induisent inévitablement des revenus moindres à chaque fin de mois, et l’inflation rampante ainsi que la forte précarité chez les étudiants et jeunes diplômés n’y changent rien. Une part non-négligeable des jeunes préfère donc, en théorie, son épanouissement à sa sécurité économique.

Adapter ses horaires afin d’épouser les contours de sa vie personnelle, réduire son temps de travail ou l’augmenter, ou encore modifier selon son libre choix le créneau de son temps de repos, voilà qui démontre la quête de flexibilité chez les jeunes Français. Mais cette conception “sur mesure du travail” va plus loin : elle influence même la forme que devrait prendre leur carrière à plus long terme.

Les jeunes souhaitent adapter leur carrière en fonction de leurs besoins, et non l’inverse

La flexibilité au travail ne se résume pas seulement à un choix horaire ou organisationnel ; elle implique également une réflexion sur l’idée même de “carrière”. Et en la matière, il s’avère qu’une part non-négligeable des jeunes Français alimente une conception du travail, là aussi, “à la carte”.

Certes, alors qu’on dépeint souvent les jeunes comme volatiles et peu enclins à rester dans la même entreprise tout au long de leur carrière, on constate que 45% d’entre des répondants préfèrent rester là où ils sont ad vitam eternam, quand 27% préfèrent en revanche exercer différents emplois dans différentes entreprises.

Toutefois, interrogés sur ce qui serait « has been » en entreprise, les jeunes répondent en priorité les trois affirmation suivantes :

Exercer le même métier pendant 10 ans (28%)

Rester dans la même entreprise pendant 10 ans (28%)

Avoir un chef à qui rendre des comptes (27%)

Les besoins à terme, en nouveaux défis, en mobilité professionnelle voire en émancipation du salariat se font donc sentir à la lumière de ces derniers chiffres.

9 jeunes sur 10 envisagent même de faire une pause dans leur carrière professionnelle à un moment de leur vie, essentiellement pour voyager (36%) ou se dédier à leur vie de famille (30%).

Le choix d’un voyage est d’ailleurs plus populaire chez les personnes ayant un niveau de diplôme supérieur à Bac +2 et chez les hommes.

L’option de se recentrer sur sa vie de famille reste plus prisée chez les personnes moins diplômées et les femmes.

Décider de ses horaires, décider de son temps de repos, décider de ses congés, décider de la trajectoire que prendra l’ensemble de sa carrière, décider d’un congé sabbatique : la flexibilité n’est pas seulement une affaire d’heures ou de travail à distance semaine après semaine, mais également d’aspirations professionnelles à long terme.

La vision des jeunes Français est à ce titre révélatrice d’une quête d’épanouissement et d’équilibre vie professionnelle / vie personnelle telle, qu’elle tend à contraindre la carrière à s’y plier. Toutefois, rappelons qu’il est toujours plus aisé d’aspirer à ces marqueurs de flexibilité lorsqu’on n’a pas encore de famille ni de crédit à sa charge. Le temps nous dira donc si ces velléités sont spécifiques à cette génération ou si elles sont exacerbées par un manque d’expérience.

Méthodologie

Cette e?tude a e?te? re?alise?e aupre?s d’un e?chantillon de 1051 personnes représentatif de la population française âgée de 18 à 30 ans. L’échantillon a été constitué selon la méthode des quotas, au regard des critères de sexe, d’âge, de catégorie socioprofessionnelle, de catégorie d’agglomération et de région de résidence. L’enquête a été réalisée par OpinionWay pour Indeed et Le Parisien Eco du 29 août au 2 septembre 2022.

A propos d’Indeed

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