La 4e édition de la Biennale Némo met à l’honneur les arts numériques.
Au programme : des expos, des spectacles, des ateliers et des tables rondes autour de thématiques variées, telles que l’impact numérique sur l’environnement ou encore les progrès technologiques au service du vivant. Dans le cadre de la Nuit Arts & sciences de ce samedi 13 novembre, nous avons rencontré deux artistes, Lény Guissart, comédien, et Nicolas Mathieu, pianiste, qui ont cofondé la CIE 44, et qui se produiront en spectacle avec « Retour vers l’invisible ». Ils nous parlent de l’évènement, mais aussi de l’art et de la science en réponse aux enjeux sociétaux et environnementaux qui se posent aujourd’hui.
« POUR RÉCONCILIER LES CITOYENS ET LA RECHERCHE, NOUS SOUHAITONS FAIRE VIVRE DES EXPÉRIENCES POSITIVES »
Vous allez jouer votre spectacle au cours de la Nuit Arts & sciences ce samedi au musée des Arts et Métiers. En quoi cet évènement peut-il permettre de mieux appréhender les défis sociétaux et écologiques de demain ?
Cette « Nuit Arts & sciences » au musée des Arts et Métiers condense différentes conférences et performances artistiques autour des sciences. Au cours de la soirée, on en apprend davantage sur l’impact écologique des datas, on renoue avec le vivant en écoutant et visualisant le spectre lumineux des plantes et on appréhende les technologies qui ont et auront des impacts sociétaux forts comme la robotique ou l’informatique quantique. De notre côté (la CIE 44), nous convions les publics à nous suivre lors d’une déambulation poétique théâtrale et musicale permettant de redécouvrir les collections permanentes du musée des Arts et Métiers par une expérience artistique immersive.
On constate généralement un manque de connaissances scientifiques, pourtant primordiales pour mieux comprendre des sujets majeurs tels que, par exemple, le réchauffement climatique. L’art peut-il permettre à la science d’être mieux comprise ou davantage accessible ?
La science souffre d’un désintérêt – qui se traduit par la décroissance annuelle des étudiants dans ses disciplines- et elle est beaucoup remise en question à l’ère de la post-vérité avec notamment le climatoscepticisme. La science d’aujourd’hui nous dit beaucoup de choses que nous ne souhaitons pas entendre, car cela remet en question trop directement nos comportements. Pour réconcilier les citoyens et la recherche, nous souhaitons faire vivre des expériences positives associées à la science. L’émotion procurée par le spectacle peut permettre de susciter l’intérêt, de susciter un désir de science dans les esprits des spectateurs. Nous aimons l’idée de nous approprier les savoirs, de faire entrer en résonance la science, l’art et la philosophie, comme une façon d’être autonome dans sa pensée. Ceci nous paraît essentiel à cultiver pour appréhender le monde.
Justement, votre spectacle s’appelle « Retour vers l’invisible ». Invisibles, comme les émissions de carbone qui ne se voient pas à l’œil nu et qui, pourtant, existent bel et bien et impactent l’environnement. L’homme aurait-il tendance à fermer les yeux sur l’invisible ? A ne considérer un problème seulement si celui-ci est visible ou palpable ?
Nous évoluons dans un environnement invisible, l’infiniment petit, l’infiniment grand… Nombre de choses dépassent ce que nos sens peuvent percevoir. Cela, le philosophe Pascal l’avait déjà écrit ses Pensées. Aujourd’hui, l’invisible prend une nouvelle dimension car il y a en effet certains éléments produits par l’homme non perceptibles à l’œil nu qui sont nocifs pour nos écosystèmes, c’est le cas du CO2. Cependant, à la différence de menaces directes pour lesquelles l’homme est programmé pour réagir, les menaces invisibles paraissent moins dangereuses. Elles sont pourtant bien réelles.
Comment percevoir ces menaces ? Pour cela, il faut admettre que la science nous permet d’élargir notre perception du réel et d’améliorer notre compréhension de son organisation, non seulement sur les causes, mais aussi sur les conséquences de nombreux phénomènes. A l’heure de la post-vérité, il faut réaffirmer plus que jamais la capacité de la science à accéder à une certaine forme de vérité.
Au musée des Arts et Métiers
60 rue Réaumur
75003 Paris