PARIS : Bilan 2020 de la gestion du risque nuisible en France
Il existe en France plus de 1 200 entreprises de 3D, principalement des TPE de moins de neuf salariés.
En cette fin d’année 2020 marquée par la crise sanitaire et ses impacts sur l’ensemble des secteurs de l’économie française, la CS3D (Chambre Syndicale Dératisation, Désinsectisation, Désinfection), qui représente près de 80 % des entreprises du secteur de la dératisation, désinsectisation et désinfection, a interrogé ses adhérents afin de faire le point sur le nombre et les types d’interventions. En effet, pendant toute la durée des confinements, les professionnels sont restés mobilisés, afin de répondre aux demandes nombreuses des particuliers confinés, ainsi que des professionnels tant dans le cadre du maintien de leur activité que de la protection de leur lieu de travail fermé au public.
Les zones d’intervention sont toutes celles où les humains vivent, travaillent où se rendent, ainsi que les transports en commun. Ainsi, dans l’haxagone, l’habitat individuel représente 23 % des interventions et l’habitat collectif 25 %. Les lieux de collectivités accueillant du public en journée (écoles, crèches, universités) ou pour des séjours notamment dans le secteur de la santé (Ehpad, hôpitaux…) concentrent 19 % des interventions. Les sites professionnels (commerces, lieux de stockage, restaurants…) quant à eux comptent pour 23 % dans le nombre d’interventions.
Un organisme nuisible est un organisme dont tout ou partie des activités a des effets considérés comme nuisant à la santé publique ainsi qu’au bon déroulement de certaines activités humaines. Historiquement installés sur le territoire, comme le rat, arrivés plus récemment et considérés comme espèces exotiques envahissantes comme le frelon asiatique ou la punaise diabolique, ou encore de retour après une quasi-disparition, comme les punaises de lit, les nuisibles représentent, au-delà de véritables désagréments voire traumatismes pour ceux qui y sont confrontés, des enjeux économiques et sociaux de premier plan.
« Ces impacts des nuisibles concernent aujourd’hui tant l’économie, la biodiversité que la santé de tous, et la mission des professionnels des 3D est une mission d’intérêt général, qui est celle de la gestion du risque nuisible. », affirme Patrick Gravey, Président de la Cs3d.
Les rats, « vedettes » du confinement
Si de nombreuses voix se sont élevées pour plébisciter le fait que le confinement a permis à la nature de reprendre ses droits, avec d’étonnantes prises de vue d’animaux « sauvages » en pleine ville, la visibilité accrue des rongeurs et notamment des rats, a également fait l’objet de nombreuses actualités. En effet, ce rongeur, déjà bien visible dans de nombreuses métropoles, et pour lequel les activités humaines sont sources d’une nourriture abondante (poubelles, parc, rues, restaurants…) s’est montré plus aventureux dans le cadre d’une circulation humaine contrainte par les confinements.
Dans des rues désertes et les zones d’habitation, sa présence a été remarquée. Tant au moment des confinements que dans le cadre d’un retour à la « normale » et notamment en vue d’accueillir les visiteurs et vacanciers de l’été, les professionnels indiquent sur l’ensemble du territoire français une augmentation des interventions en 2020 de l’ordre de 75% en comparaison avec 2019. Pour mémoire, cette augmentation s’élevait à environ 20% pour l’année 2019 en comparaison avec 2018[1] et 32 % des français ont affirmé avoir été confrontés à ce problème au sein même de leur propre logement[2].
L’AVIS DE L’EXPERT
« Nous avons pu constater ces dernières années une augmentation du nombre de rongeurs et particulièrement les rats bruns, dont la présence est favorisée par une abondance de nourriture, notamment en ville, phénomène qui s’explique par les comportements humains ainsi que la gestion des ordures ménagères. De manière générale, les hivers plus doux de ces dernières années ont également contribué à l’augmentation du nombre de rongeurs. Sur l’année 2020 en particulier, le confinement a été la cause d’une pression importante sur la ressource alimentaire des rats, qui sont donc redevenus opportunistes, d’où une présence et des rencontres en surface plus importantes. » Romain Lasseur, expert international espèces animales envahissantes (rongeurs, insectes)
Guêpes et frelons : l’explosion
Un hiver doux, un printemps chaud et un été caniculaire ont favorisé la présence de visiteurs très indésirables pour les particuliers comme pour les professionnels de la restauration cet été. Les guêpes et les frelons ont défrayé la chronique cet été et ce jusqu’au mois d’octobre. Le phénomène s’explique par une faible mortalité des reines des essaims par rapport à l’hiver 2019 ce qui a permis aux colonies de se renforcer.
Le nombre d’interventions des professionnels concernant les frelons et guêpes, tous sites confondus, a ainsi bondi de 93 % au niveau national. La faible pluviométrie de l’été 2020 et la canicule du mois d’août, si elles ont mis les Français à l’épreuve, ont également poussé de nombreux animaux, parmi lesquels guêpes et les frelons, à chercher de l’eau.
Le confinement donne le cafard…
Roi du cache-cache, indésirable de nos lieux de vie, et plus particulièrement au sein des logements, le cafard fait partie des nuisibles les plus redoutés pour 40% des Français[3].En effet, lorsque cet insecte aux habitudes nocturnes se montre, c’est mauvais signe, car un cafard visible peut facilement en cacher 200…Après un recul du nombre d’interventions estimé à 11 % entre 2018 et 2019, les chiffres repartent à la hausse en 2020 avec 18 % d’interventions en plus. Pour de nombreuses personnes, le confinement été la cause de la prise de conscience de la présence de ces insectes quand un grand nombre de professionnels on fait de choix de protéger leurs lieux d’activité très souvent fermés ou partiellement fermés au public.
Punaises de lit, pas de répit…
Les punaises de lit semblaient avoir disparu en France depuis les années 50. Les produits utilisés à l’époque ne l’étant plus depuis longtemps, la punaise est de retour depuis une quinzaine d’années, au gré de l’augmentation des voyages internationaux…Ce petit insecte hématophage, présent au cœur des foyers, est aujourd’hui considéré comme un véritable fléau, au point que les autorités s’en sont saisi comme enjeu de Santé Publique, en signant une charte avec les professionnels de la Cs3d et en mettant en place un site dédié en 2019[4].
Si dans un premier temps, tout pouvait laisser penser que les contraintes de déplacement, l’interdiction des voyages et l’ensemble des mesures liées au confinement allait avoir un impact sur la prolifération galopante des punaises de lit et, par voie de conséquence, sur le nombre d’interventions, l’enquête menée auprès des professionnels de la Chambre Syndicale montre que pour près de 60 % des professionnels interrogés, l’activité relative à cet insecte a augmenté.
L’AVIS DE L’EXPERT
« La punaise de lit est très fortement installée en France et ce depuis de nombreuses années. L’absence de voyages et la limitation des déplacements pendant plusieurs mois n’ont pas eu d’impact sur ce point. Les mesures liées au confinement n’ont que peu bouleversé son mode de vie, car cet insecte peut passer 12 à 15 mois sans se nourrir et même ses larves sont capables de survivre sans source d’alimentation pendant près de 3 mois. L’augmentation du nombre d’interventions est également du au fait qu’en étant présents chez eux toute la journées, les personnes touchées par ce phénomène ont vu se multiplier les moments et les pièces de la maison où ils se sont fait piquer… »
Dr Romain Lasseur, expert international espèces animales envahissantes (rongeurs, insectes)
Pour de nombreux particuliers, le confinement a été une situation dans laquelle ils ont pris conscience de la présence de ces insectes chez eux, avec sa cohortes de nuisances physiques, mais également psychologiques. Les professionnels se sont mobilisés pour répondre aux sollicitations, en délivrant au besoin des attestations de sortie spécifiques en lien avec les interventions en cours. Ainsi, 2020 a vu une augmentation de 76 % du nombre d’interventions en lien avec la présence de punaises de lit, contre 30 % environ entre 2018 et 2019.
En parallèle, les professionnels ayant participé à l’enquête ont été nombreux à faire face à des usagers floués par de «faux » professionnels, ou du moins des personnes mal intentionnées. Il convient en effet de rappeler que toute intervention doit d’abord faire l’objet d’un devis et que ce devis ne peut s’établir qu’à la suite d’une visite du lieu infesté.
« Face à des situations de réelle détresse psychologique, les risques d’arnaques sont malheureusement fréquents. En cas de doute, il est essentiel de faire appel à un professionnel certifié, qui constatera l’étendue de l’infestation avant d’établir un devis. », Stéphane Bras, porte-parole de la Cs3d
À propos de la CS3D : Fondé en 1946, la CS3D (Chambre Syndicale Dératisation, Désinsectisation, Désinfection) est le syndicat de référence des principaux acteurs de l’hygiène antiparasitaire (protection contre parasites et nuisibles) regroupant les entreprises spécialisées dans la lutte contre les nuisibles (applicateurs, fabricants, distributeurs et formateurs en France métropolitaine et DOM-TOM). Il existe en France plus de 1 200 entreprises de 3D, principalement des TPE de moins de neuf salariés.