LE LAVANDOU : Gil BERNARDI, maire : « Honneur aux Commandos d’Afrique à qui Le Lavandou doit sa liberté » !
LE LAVANDOU : Ce mercredi 15 août 2018, la ville du Lavandou a commémoré sa libération, après le débarquement de Provence, en présence de nombreux élus dont François de CANSON, président de MPM, maire de La Londe-les-Maures et conseiller régional, François ARIZZI, maire de Bormes-les-Mimosas, Patricia ARNOULD, conseillère départementale et Frédéric Cuvillier, ancien ministre.
Après le débarquement allié en Afrique du Nord, et le sabordage de la flotte française dans le port de Toulon en novembre 1942, le général de Gaulle charge, dès 1943, le général Giraud de réorganiser, en Afrique du Nord, une armée française avec le soutien matériel des américains.
Les alliés imaginent de prendre en tenaille les troupes d’occupation par le Nord (opération OVERLORD, en Normandie) et le Sud (opération DRAGOON en Provence). La côte des Maures apparaît comme le seul endroit susceptible d’échapper aux batteries côtières de l’aire toulonnaise.
LE DISCOURS DE GIL BERNARDI, maire du LAVANDOU :
Quitte à déroger aux règles protocolaires qui régissent le déroulement de la cérémonie officielle marquant chaque année la Libération du Lavandou, je tiens à m’associer à l’émotion qui a parcouru notre Commune, à la triste nouvelle de la disparition accidentelle de Danièle Giordano-Hertling. Voilà quelques jours, Danièle nous a quittés ; elle qui portait fièrement la flamme du Souvenir Français, lors de chacune de nos manifestations patriotiques, aux côtés de son compagnon Christian Barbier. Avec une fidélité et une ferveur exemplaires.
Danièle nous manque.
Et face à ce deuil tragique, c’est la communauté des Associations Patriotiques qui par mon entremise, s’associe à la tristesse dans lesquels sont plongés non seulement sa famille et ses proches, mais également bon nombre de Lavandourains. Car le dévouement aux autres n’est pas forcément » naturel « , et constitue une vertu qui incline au respect. A sa mémoire, et en témoignage de notre gratitude pour toutes ces années où nous avons partagé avec Danièle Giordano-Hertling les commémorations officielles du Lavandou, je vous invite à respecter une minute de silence, et à diriger nos pensées vers le ciel, où Danièle s’est envolée.
Monsieur le Ministre, Messieurs les Maires, Mesdames et Messieurs les Maires-Adjoints et Conseillers Municipaux, Mon Commandant, Mesdames et Messieurs les Représentants des Associations Patriotiques et porte-drapeaux, Messieurs les Commandos d’Afrique, Mesdames et Messieurs,
Dans ce moment d’émotion et de recueillement particuliers mais aussi de liesse, que constitue la commémoration de la libération de la Commune du Lavandou, et bien sûr de l’action magnifique des Commandos d’Afrique qui foudroyèrent les batteries du Cap Nègre, comment – non plus – ne pas élever nos pensées à la mémoire du Colonel Jean Plancke, figure emblématique de ce superbe fait d’armes, qui lui aussi, nous a quittés le 9 décembre dernier. Le Docteur Jean Plancke, Commandeur de la légion d’Honneur, et Président de l’Association des Commandos d’Afrique, qui a tenu » haut et fier » le fanion de son unité combattante, tant qu’il a pu, et qui malgré l’âge, tenait à effectuer le déplacement du Lavandou depuis Calais ; chaque année ; tant que ses jambes ont pu le porter. Et auquel Le Lavandou a rendu hommage, lors des obsèques, dans le Nord de la France, le 14 décembre 2017. Jean Plancke, le » toubib » du 1er Commando de choc, personnage lumineux et pétillant d’humour, qui escalada les falaises du Cap Nègre, dans la nuit du 14 au 15 août 1944, avec le mythique détachement du Capitaine Ducournau… et qui a rejoint ses compagnons d’armes, au mausolée des grands combattants de la Libération de la France, aux côtés de ses frères de combat : Noël Texier, Eugène Guillemot, Ben Ali, Jean Moyet, Ben Achenou Ghouti, Pierre Beaulier, Miloud Aksoury, Marcel Jouvenceau, André Lemaire, René Nardeux, Jacques Pancrazi, Serge Poussard… et tant d’autres héros du Débarquement de Provence qui reposent sur notre Commune. Notre Commune qu’ils ont libérée. Jean Plancke, étonnant de dérision et de banalisation de ses exploits, comme de l’épopée de ses » frères Africains « , que bon nombre d’entre nous, avons eu l’honneur de côtoyer, au fil de nos retrouvailles mémorables des 15 août. Inoubliable et magnifique. Car c’est assurément un grand honneur qui nous a été donné, de connaître ces survivants de l’enfer, ces soldats d’exception, ces hommes de grande stature, ces géants, qui à à peine plus de vingt ans – et parfois bien moins… jusqu’à falsifier leur carte d’identité pour libérer la France, – et qui s’étaient tous engagés volontaires parmi les 700 soldats d’élite du » Cirque Bouvet « , pour offrir leur jeune vie à la Liberté de la Patrie, au sein d’une Unité combattante promise aux missions sans retour. Vouée aux » coups de mains » dont personne ne voulait – Envoyée au » casse-pipe « , comme ils disaient. Oui, c’est un immense privilège, que d’avoir pu côtoyer des êtres de cette trempe : des soldats d’élite formés à la pénétration derrière les lignes ennemies, entrainés à tuer sans bruit, à enlever les positions fortifiées les plus redoutables, à neutraliser les sentinelles, à mourir en silence pour ne pas révéler la présence de leurs détachements ; aguerris à toutes les formes de combat rapprochés et d’infiltrations en milieux hostiles. Des combattants hors pairs, capables de toutes les ruses pour franchir les systèmes défensifs les plus impénétrables, autant que de déjouer les pièges les plus diaboliques. Des héros qui ont placés le drapeau Français comme but suprême, l’honneur pour guider leurs actions, et l’abnégation jusqu’au sacrifice comme ligne de conduite.
A vingt ans !
Des soldats d’élite, dont nous avons encore l’insigne honneur de compter parmi nous trois infatigables survivants de cette extraordinaire mission, qui conduisit ces hommes réputés » sans pitié « , depuis les rives de l’Algérie jusqu’aux redoutes de l’île d’Elbe et de la Corse, avant de se lancer à l’assaut du » Sudwall » et de libérer la Provence ; puis de remonter la Vallée du Rhône après avoir libéré Toulon et Marseille, avant de combattre comme des lions dans les neiges de Belfort, et de résister à Cernay, à un contre vingt, face à l’artillerie et aux chars Allemands, et de se faire tailler en pièces, et encore achevés au sol, à court de munitions ou blessés, plutôt que de se replier. Jusqu’à pourfendre l’ennemi, au-delà du Rhin. Ces lions d’Afrique, si disparates, si complémentaires, dont chacune des actions inclinent au respect et à l’admiration. Ces hommes sont parmi nous ; ils sont notre fierté et nos guides ; ils sont nos héros. J’ai nommé – et vous les connaissez tous : Pierre Velsch, Robert Chiazzo et Charles Leca. Ces hommes ont signé à l’encre de leur sang l’acte de reconquête de la Provence et de capitulation de l’envahisseur ; et tout comme le Colonel Plancke, ils rejoindront peu à peu – mais le plus tard possible – leurs compagnons de gloire, au fil de ce long chemin de douleur et de croix, dans la nécropole du Rayol, à la stèle de la Fossette, au carré militaire du cimetière du Lavandou. Mais ils y sont à jamais debout, dans la gloire de la libération de notre Commune où, pour le prestigieux groupe des Commandos d’Afrique, tout a vraiment commencé. Ceux de la Roméo Force : Le Lieutenant-Colonel Georges-Régis Bouvet, du Capitaine Ducournau, du médecin-auxiliaire Plancke, et de tous les leurs, qui se sont enrolés pour le » grand bal » qu’ils vont donner aux occupants, prêts à remplir coûte que coûte la mission qui leur a été assignée, comme un suprême honneur, de débarquer en force de première frappe, à proximité du Cap Nègre, d’en détruire les défenses ennemies, et de bloquer les routes côtières pour protéger, à eux seuls, et de tenir sans renforts le flanc gauche du débarquement de Provence tout entier – Suivant les ordres du Général Patch. Ils progressent dans la nuit, à bord des LCA d’assaut, prêts à en découdre et à ne pas faire de quartier, ces diables d’hommes qui pour l’heure cherchent à repérer leur objectif dans l’obscurité totale. A bord de cette embarcation qui s’est égarée trop à l’Ouest, qui file sur la mer d’huile, balayée par le fort courant, emmenés par ce démon de Ducournau qui s’entête à repérer le dôme lugubre du Cap Nègre, parmi les ondulations, pour l’heure paisibles, des derniers escarpements du massif des Maures, qui viennent plonger dans la mer. Jean Plancke, qui porte son barda de Première Intervention médicale, mais qui n’a pas oublié pour autant son inséparable Colt 45 et son plein lot de munitions. Et alors que le barreur canadien se fait » un peu tirer l’oreille » par Ducournau, qui n’entend pas renoncer ni battre en retraite… le miracle de cette apparition des premiers écueils de la pointe du Cap Nègre. Juste comme le Capitaine vient de poser le canon de son arme contre la tempe du marin ! – En amicale persuasion – Bien sûr ! Et tout s’enchaine : la bâtisse assoupie, comme repère indiscutable ; Daboussy qui saute sur les rochers et s’élance dans la falaise alors que l’enfer se déchaine : la section de Jeannerot qui s’est fourvoyée vers Aiguebelle, qui enlève à Paul Ducournau la moitié de ses forces ; qui s’est jetée dans la gueule du loup et dont les hommes sont cloués au sol sous une pluie de balles traçantes des mitrailleuses Allemandes, à La Fossette ; Que pensent-ils, au moment de sauter dans le vide et d’entrer dans l’histoire ?… A ce long chemin parcouru depuis les entrainements impitoyables aux opérations amphibies de Staoueli ?… aux sélections des formations aux parachutages, à l’escalade, au maniement des explosifs, où tant d’entre eux ont déjà sacrifié ?… à l’échec cuisant de Pianosa, ou bien à leurs succès de l’île d’Elbe ?… Aux compagnons déjà tombés au champ d’honneur ?
Peut-être pestent-ils contre cette balise déposée par le Commandant Rigaud et l’enseigne du vaisseau de l’United States Navy Johnston, qui aurait dû guider leur attaque… mais qui n’a pas fonctionné.
Le Cap Nègre, ce sera une attaque sans préliminaires ; un choc frontal » où ça passe, où ça casse « .
A leur tour les 19 hommes ramassés les uns contre les autres dans la barge d’assaut commandée par Ducournau, en jaillissent et s’élancent dans l’a-pic, accueillis par les rafales de Schmeissers et une pluie de grenades défensives. Le » toubib « , qui a agrippé à son tour le cordage assuré par Daboussy, se colle contre l’aplomb, faisant corps à la roche… incapable de porter secours à l’Adjudant-Chef Noël Texier, qui à la tête de son groupe de combat, tâpi à quelques dizaines de mètres, expire en silence – comme on le lui a appris – éventré par l’explosif ! – Rien ne doit révéler leur attaque, dont le succès dépend de l’effet de surprise.
Le silence revient. Sans doute, là-haut, les sentinelles pensent-elles à une fausse alerte. Et cette ruée vers la cime, à la recherche des prises dans l’obscurité, mais aussi à tenter de déjouer les réseaux de mines et de lance-flammes automatiques – dont personne ne saurait imaginer qu’ils ont été courageusement neutralisés par le Commandant Faraggi – Jean Plancke nous l’a si souvent racontée. Avec un naturel déconcertant, et les mille détails de cette opération suicide, si minutieusement préparée, où rien ne se déroule comme prévu : » tu parles d’un chantier !… un gros morceau ! Mais quand c’est parti, pas moyen de renoncer ; d’abord, c’était impossible d’enlever la position à 60… et ça, l’Etat-Major le savait … mais si nous avions su que nous n’étions que 34, alors nous aurions pu avoir peur ! « …
Trois-quart d’heure d’escalade… une éternité, et la poussée sur l’escarpement, le rétablissement sur le glacis déchiqueté par les énormes cratères laissés par le bombardement Allié du 12 août, que les » boches » n’ont pas eu le temps de colmater… » un vrai boulevard « , commentera Jean Plancke, qui a eu quelques secondes pour immortaliser dans sa tête d’arabesque des fusées éclairantes lancées par l’ennemi, et qui descendent lentement le long de la paroi. L’aquarelle du moment le plus fort de sa vie : face à la mort. Les Commandos savent parfaitement ce qu’ils doivent faire : improviser pour atteindre l’objectif… et le détruire. Les sacs d’explosifs sont déposés à même le sol ; et Plancke qui établit son hôpital de campagne bien réduit, car il sait parfaitement qu’il y aura » de la casse « . Ils attendront la ruée finale vers les bunkers et le lascis de loyaux fortifiés qui les relient aux casemates Regelbau 612 – Daboussy, Pepion, Nardeux, qui s’élancent vers les gueules béantes des batteries ; qui enfournent les torpilles Bangalore dans des bouches des canons qui se replient à la hâte, et cette gerbe terrible qui déchire la nuit, comme un feu d’artifice. L’essentiel de la mission est accompli ; reste à se rendre maîtres de la position et d’en déloger les occupants. A survivre, aussi. Les Commandos, emmenés par Ducournau, s’élancent » comme un seul homme » vers la porte blindée, demeurée entre-ouverte. Une chance. Pas un seul ne doit rester en arrière. La puissance de feu doit être à son maximum, lorsqu’ils engagent l’ennemi, jusqu’au corps à corps ! Terroriser les Feldgraus qui s’accrochent, et leur donner l’impression qu’ils affrontent une centaine d’assaillants, alors qu’ils ne sont plus qu’une poignée.
» Sans pitié « , hurle Ducournau, qui balaie les enfilements de pièces de ses rafales du pistolet-mitrailleur Thompson M1, tiraillant en jugé, visant les chargeurs de » Pocket Ammunition « , avant de finir le travail au poignard de combat, avec une indicible rage – La redoute est devenue un amoncellement de corps, où les hurlements féroces des Commandos s’ajoutent aux cris terrifiés et aux gémissements des blessés – Un carnage – Et Jean Plancke, n’est pas en reste, qui suit le groupe de tête, juste derrière l’intrépide Capitaine Paul Ducournau qu’il aurait » suivi au bout du monde, au bout de ses forces « … Jusqu’en enfer !. Et justement, ils y sont !. Et les silhouettes qui s’effondrent dans la faible lueur des boyaux de béton ; et sur lesquelles il s’applique à faire feu, comme au stand de tir.
» Pas de prisonniers « , étaient leurs consignes : ils en feront tout de même 700 !
Et le jeune aspirant-médecin qui rebrousse rapidement chemin, dans les volutes de poudre et les cris des survivants, pour s’emparer de son matériel médical et prodiguer les soins d’urgence, sans distinction aucune, d’abord pour ses frères d’armes, prioritairement, mais aussi à ceux qu’il vient de » descendre « .
Diable d’homme, que ce toubib de 24 ans, qui s’active à présent à planter les seringues de morphine et à appliquer les pansements compressifs, jusqu’à épuisement du stock… puis de s’emparer d’un pistolet-mitrailleur encore chaud, pour nettoyer la redoute voisine ! Où les servants de la position d’artillerie se sont retranchés et refusent de se rendre. Et dans ce terrible combat, où tout peut encore basculer, dans le cataclysme de souffrances et de mort, l’humour qui triomphe toujours, lorsque l’arme s’enraye, et qu’il en empoigne une autre, gisant aux côtés d’un compagnon dont il vient de fermer les yeux : » il fallait faire vite, plaidera le médecin des Commandos ; les pâtes des boches allaient refroidir ! « , glisse-t-il dans un sourire malicieux et le bleu espiègle de ses yeux rieurs. Et effectivement, les assaillants attrapent au passage les rations encore tièdes, et les engloutissements parmi les cadavres pour récupérer des forces, avant l’ultime combat. Ces irréductibles que l’ont fait sortir à la grenade. Cette dérision, à l’infime frontière qui sépare la vie de la mort, et qui permet d’affronter l’horreur décrite par Jean Plancke. Encore, lorsqu’il organise la recherche du pied arraché de son camarade MIARA, par le tir » ami » d’un Thunderbolt, et que l’infortuné sergent-Chef veut récupérer à tout prix. Un pied auquel le Commando tient tout particulièrement, et que ses compagnons, hilares, ne parviendront pas à récupérer. L’humour, encore, lorsque Plancke réalise qu’ils ont dû oublier leur mascotte en Corse : » Le bouc ?… il a dû se trouver une compagne sur place, comme nous, à moins que quelqu’un l’ait bouffé ! « . L’humour comme antidote à la peur dont personne ne veut parler. Mais comment ne pas comprendre que ces jeunes hommes de 20 ans, et parfois bien plus jeunes, habitués à côtoyer la mort au quotidien, à voir disparaître l’un après l’autre leurs frères d’armes, et la tragédie frapper, n’aient pas également éprouvé cette furieuse envie de vivre – aussi impérative que leur attachement sans limite à la Patrie – ce besoin irrépressible de bonheur, de rire, d’aventures et de conquêtes… comme de lancer ce défi d’insouciance en contre-point de l’enfer des combats. Eux, les têtes brûlées du Corps Expéditionnaire Allié, les fers de lance de l’opération DRAGOON, sacrifiés dans une action, dont tant d’entre eux ne reviendront pas. Cette » bande » d’hommes libres et enthousiastes ; ce mélange extraordinaire de toutes les races, de toutes les religions, de tous les horizons ; l’espagnol, le marocain, l’Arabe, le Russe, le Suédois, et tant de Français d’Afrique du Nord, mais encore tous les anciens des Corps Francs d’Afrique, les évadés et les clandestins ; et même des Allemands, des Anarchistes et des Royalistes. Mais tous fondus dans » l’esprit Commando « … par-delà leurs origines et leurs parcours. Fraternels et soudés pour arracher la liberté à la France occupée – Déterminés à défendre leur Patrie comme inspirés dans les prodiges de leur groupe d’assaut. L’exploit, le voilà !… la fulgurance de l’éclair dans la nuit, bien sûr… Eux, débarqués à 0h30, éparpillés et perdus dans l’obscurité, dont les sections se regroupent et improvisent ; et dont un groupe réduit de Commandos d’Afrique a enlevé la position réputée invincible et qui ont réussi à sécuriser le débarquement du gros de la troupe… l’avancée des 680 hommes du détachement principal que le Lieutenant-Colonel Bouvet propulse sur la plage du Rayol à 1h53. L’heure » H » dépassée de 20 minutes. Eux sans qui le débarquement de Provence aurait pu virer au fiasco, sans leur génie de s’adapter à l’amoncellement de contre-temps et de revers qu’ils ont dû affronter. Eux, qui ne comptent » que » 12 hommes tués et 37 blessés, pour le moment, alors qu’ils ont liquidé 300 Allemands dans l’effroyable poussée !… Eux qui vont déloger à la roquette de bazooka tirée par l’Aspirant MAURY le PC du 917ème Régiment de Grenadiers et repousser la contre-attaque ennemie au col du Cap Nègre.
Eux, qui surent prendre Mauvanne et Le Coudon à pieds nus. Eux qui résistèrent à la contre-offensive d’une Armée ennemie entière à Cernay, où 400 Commandos restèrent au sol… tués ou blessés… mais ne lâcheront jamais un pouce de terrain. Mais le véritable exploit, c’est celui d’une bande d’hommes libres, métissage d’esprits les plus extravagants et des plus paisibles, des plus incontrôlables comme des plus disciplinés, mais soudés par l’alchimie d’une unité de corps et par le génie qu’inspire le Patriotisme. L’esprit Commando… celui de ces » petits bandits sympathiques « , suivant l’expression de Michel, qui ont bâti le prestige des Commandos d’Afrique, qui ont porté leur fanion glorieux à la nef rouge stylisée en forme de croissant, sa voile latine ornée d’une étoile chérifienne verte, par l’héroïsme, la joie, la souffrance et la mort. Voilà pourquoi, rien, ni personne, et surtout pas la mort, n’empêcheront jamais ces hommes, ni le Colonel Plancke, d’être présents parmi nous, en ce 15 août de commémoration de leur gloire.
Voilà pourquoi, ces hommes sont éternels.
Tant ce lieu de dépassement et de sacrifice est imprégné de leurs exploits ; marqué de ces pierres blanches – tantôt gravées de la croix, tantôt frappées du croissant – mais toutes, vouées à la liberté et à la grandeur de la France – côte à côte, qui jalonnent à jamais leur parcours grandiose. Voilà pourquoi, chaque 15 août, et bien au-delà de la disparition du dernier d’entre eux, leur ardeur intemporelle se ranime, et le Colonel Plancke, le Commandant Bonin, Jo Bonnet, Kasmi, et tous les autres, refluent à la mémoire des vivants, comme ils remontent infatigablement à l’assaut des batteries ennemies ; comme ils atteignent l’inaccessible étoile ! Et par la fidélité de notre souvenir, tous réapparaissent sur la falaise inexpugnable et pourtant subjuguée par leur courage.
Voilà pourquoi l’esprit Commando vivra.
Regardez bien ces hommes. Ils portent en eux la flamme sacrée.
C’est un bonheur, c’est une émotion que de les approcher. Ils sont la France intemporelle et magnifique. Ils sont ce que nous avons de plus beau et de plus grand. Ils sont nos guides.
Ils entrent dans notre village, poussiéreux et harassés, couverts de blessures et la dague ensanglantée, mais ils sont souriants de leurs 20 ans… Là, à l’angle de la rue, nous les accueillons comme les Lavandouraines et les Lavandourains les ont découverts en août 1944. Victorieux.
Magnifiques et invincibles. Nous les embrassons, nous les congratulons, nous les étreignons, nous les remercions. Au-delà de la souffrance et de la mort, la joie est partout !
Vive les Commandos d’Afrique – Vive Le Lavandou.